L'os naviculaire

Le syndrome naviculaire

Fiche Technique
origine: décalcification de l'os naviculaire ou petit sésamoïde
symptômes: antérieur le plus touché reposé en pince, boîterie semblant venir de l'épaule
traitement: conservatoire: ferrure orthopédique, anti-inflammatoires, névrectomie
 

Le syndrome naviculaire est une maladie encore en cours d'investigations.

C'est une 'maladie' hélas assez courante qui touche essentiellement
les chevaux de grand gabarit et les chevaux d'obstacle.
Le diagnostic établi signifie le plus souvent une mise 'à la retraite'
prématurée du cheval sinon une fin précoce.

De quoi s'agit-il

Le tendon passe à l'arrière du pied et rentre dans le sabot en passant
sur un os appelé le 'petit sésamoïde' c'est un problème de
calcification (décalcification ou hyper calcification) de cet os qui agit
comme une 'scie' sur le tendon et provoque la boiterie.

L'apparition du problème de calcification est d'origine incertaine.
Certains parlent de prédisposition génétique mais rien n'est
encore réellement établi.
Le cheval d'obstacle, qui réceptionne plusieurs tonnes sur un
seul sabot voit naturellement son tendon et son sésamoïde surmenés.
Le cheval mal ou insuffisamment paré risque aussi de souffrir de la
même pathologie tôt ou tard, l'équilibre du pied est de ce fait
compromise et la porte ouverte à l'usure prématurée et anarchique
du petit sésamoïde.

Les symptômes:

Le cheval soulage l'antérieur concerné (souvent les 2 antérieurs sont
atteints mais de façon différente, il y aura toujours un pied plus
'sensible' que l'autre) en le portant vers l'avant au repos.
On dit qu'il 'montre le chemin de Saint-Jean' du nom de l'abattoir.

La boiterie ressemble à s'y méprendre à une boiterie d'épaule, le
vétérinaire opérera un blocage temporaire du nerf à plusieurs endroits
afin d'affiner son diagnostic.
Un test simple et souvent probant est de placer le cheval avec son
pied sur une planche inclinée de façon à reporter tout le poids vers
l'arrière du sabot, le laisser ainsi 5 minutes puis le faire trotter
immédiatement, le cheval atteint présentera un boiterie sévère.
Une fois le naviculaire suspecté on peut faire prendre des radios du pied
pour évaluer 'l'étendue des dégâts'.

Traitement:

Dans un premier temps, repos absolu et traitement
anti-inflammatoires jusqu'à disparition de la boiterie.

Par la suite: les possibilités sont diverse mais aucun traitement ne
guérira réellement le cheval, on peut lui apporter un peu plus de
confort, un peu moins de douleur et retarder le processus dégénératif mais
rien de 'réparera' le sésamoïde.

Première solution, la plus drastique: la névrectomie (haute ou basse).
Elle consiste à sectionner le nerf qui mène à la partie douloureuse du pied,
le cheval ne sent plus la douleur et cesse donc de boiter.
L'inflammation du tendon est toujours présente.
Le cheval ne sent plus la douleur liée à son naviculaire mais il ne sentira pas non
plus tout autre douleur dans le pied (un abcès par exemple ou une fourmilière),
on parle de chevaux ayant tout simplement 'perdu' leur sabot comme un humain
sa chaussure par suite d'un abcès invasif du pied, non décelé et non traité.
Si la section du nerf n'est pas opérée correctement (en enlevant une partie de
celui-ci) l'opération risque d'être inutile car chaque extrémité du nerf se ramifie
(comme des branche d'arbre) et 2 ramifications qui se touche recréent le contact
et la douleur réapparaît.

Le cheval perdant tout sensibilité dans le pied, ne pourra plus être monté
que sur du terrain excellent au risque de trébucher et de tomber.

Inutile de dire que, à titre personnel, je considère cette solution comme
barbare et handicapante pour le cheval.

Sur mon propre cheval (Bounet) une cure de produit fluidifiant pour
le sang (du même type que la mort aux rats) joint à une ferrure
orthopédique lui a permis de continuer à travailler gentiment encore près de
10 ans après le diagnostic de la maladie.

La ferrure orthopédique est un 'must' pour tout cheval naviculaire, elle
doit être adaptée très précisément à la géométrie et à l'équilibre du pied,
tout en relevant la talon afin de soulager le passage du tendon sur
le sésamoïde.

Le travail du cheval naviculaire:

Tant qu'il ne boîte pas, le cheval atteint du syndrome naviculaire
peut continuer à 'travailler'. Mais l'exercice doit être adapté à
sa pathologie.

Pas de travail sur sol trop mou, surtout pas d'obstacle ni de dressage de haut
niveau. Les tournants courts et les descentes sont autant de traumatismes
qu'il faut éviter.

L'idéal, un travail en ligne droite sur sol souple ...
La boiterie apparaît souvent par 'crises' qui surviennent après que le cheval aie
trop sollicité
son tendon (que ce soit en se défoulant en prairie ou après une séance de dressage
un  peu plus poussée au cours de laquelle le cavalier n'aura constaté aucune
souffrance).

Il faudra alors remettre le cheval au repos sous anti-inflammatoires et éviter à
l'avenir ce genre de travail.

Tôt ou tard le mal deviendra chronique et le cheval ne sera plus 'montable',
il pourra néanmoins terminer sa vie tranquillement en prairie, capable de gérer
lui-même sa douleur même si un petit 'coup de pouce chimique' peut s'avérer
nécessaire de temps en temps.
 

Le poids supporté par les trois membres d'un cheval au repos est de 150 kg
pour  chaque antérieur et 200 kg pour le postérieur à l'appui et c'est en tonnes
que l'on  s'exprime à la réception d'un obstacle.